Conseil œcuménique des Eglises (COE)

Le Conseil œcuménique des Églises est une communauté fraternelle d’Églises qui confessent le Seigneur Jésus Christ comme Dieu et Sauveur selon les Écritures et s’efforcent de répondre ensemble à leur commune vocation pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Le COE a été créé en 1948 avec la première assemblée à Amsterdam.

 

Cette communauté d’Églises est sur la voie de l’unité visible en une seule foi et une seule communauté eucharistique, exprimée dans le culte et la vie commune en Christ. Elle s’efforce de progresser vers cette unité, tout comme Jésus a prié pour ses disciples, « afin que le monde croie » (Jean 17,21).

 

Le Conseil œcuménique des Églises (COE) est la plus vaste et la plus inclusive des nombreuses expressions organisées du mouvement œcuménique moderne, dont l’objectif est l’unité des chrétiens.

 

L'Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises à Karlsruhe (Allemagne)


L’assemblée du Conseil œcuménique des Eglises avait lieu du 30 août au 08 septembre 2022 à Karlsruhe / Allemagne.

Voir la documentation de l’assemblée

 

Impressions de l'Assemblée à Karlsruhe

Assemblée du COE à Karlsruhe - Billet du jour
Assemblée du COE à Karlsruhe - Billet du jour
Depuis hier mardi, l’Assemblée est entrée dans une phase décisionnelle, dans les séances plénières dites « administratives ». Ainsi avons-nous élu hier les 8 vice-présidents des régions qui couvrent la planète et les 150 membres du Comité central, l’organe exécutif du COE. De manière générale, ces processus décisionnels ne sont pas très satisfaisants, dans la mesure où ils consistent pratiquement à valider le travail préparatoire des commissions en amont. Personne n’en conteste la qualité, mais les possibilités d’amendements et de débats sont forcément limités, avec près de 600 délégués qui ont théoriquement voix au chapitre. La CPLR a proposé la candidature du Pr Marc Boss, enseignant à l’IPT à Paris, qui a été élu. Le COE, à la différence de la FLM, n’a pas de politique de quotas contraignante. C’est ainsi que les laïcs sont passés de 32 à 23 % dans le nouveau Comité central, et il n’y a aucun laïc parmi les 8 vice-président(e)s … L’archevêque d’Upsala Antje Jackelen a dénoncé cette cléricalisation, mais sans effet…La part des femmes reste stable à 40 %, et celle des jeunes à 13 %. L’impression de contrainte est encore plus forte depuis que nous examinons les textes « politiques ». Cinq principaux documents sont en débat : un message général aux Eglises (tellement général qu’il a été voté pratiquement sans discussion…), et quatre textes sur « La guerre en Ukraine, la paix et la justice en Europe », « Une planète vivante – en quête d’une communauté mondiale juste et durable », « Les choses qui contribuent à la paix – Mener le monde à la réconciliation et à l’unité » et enfin « A la recherche de la justice et de la paix pour tous au Moyen-Orient ». Les prises de parole sont limitées à deux minutes, voire une minute en fin de séance, ce qui suscite frustration et irritation. Le texte sur l’Ukraine a donné lieu à des « passes d’arme » entre Ukrainiens et Russes, ces derniers reprochant au document d’être l’expression de la désinformation ukrainienne…Sur le Moyen-Orient, le débat se cristallise sur la mention du mot « apartheid » à propos de la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens. Le texte propose simplement de demander au Comité central d’étudier avec Amnesty International et Human Rights Watch dans quelle mesure ce concept peut être légitimement employé. L’EKD allemande a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne voterait pas un texte où le mot figure… La déclaration sur la justice climatique rappelle avec force le désastre écologique en cours et appelle à l’action, en invitant les Eglises membres à faire pression sur leurs gouvernements, notamment par l’outil de l’impôt (taxe carbone, taxe Zachée sur les grandes fortunes, …). Il met en garde sur le risque que la transition écologique se traduise à nouveau par une exploitation du tiers monde où se trouvent beaucoup des ressources nécessaires à l’« économie verte ». Le texte sur la paix est sans doute le plus profilé, car il dénonce l’industrie des armements qui alimente de nombreux conflits dans le monde et pointe le risque nucléaire, ce qui n’avait plus été fait depuis longtemps. Il y a pour l’adoption de ces textes un vrai problème de méthode et d’organisation : toutes les matinées sont consacrées à des plénières thématiques, qui sont souvent des séances-spectacles où l’on accueille des stars œcuméniques (l’archevêque de Canterbury, le prieur de Taizé, …) et des débats mis en scène avec danses, chants, vidéos, … Cela est sans doute stimulant pour les innombrables participants à l’assemblée, mais les délégués ne disposent que de 15 à 18h, pause-café comprise, pour débattre de textes dont certains sont longs comme des jours sans pain… La richesse de l’assemblée reste celle de l’incroyable diversité de personnes, d’Eglises, de cultures qui se croisent ici, dans un réel esprit d’ouverture. Un phénomène nouveau est la forte représentation des Eglises pentecôtistes, qui entrent dans la dynamique œcuménique, au moins au niveau de leurs organes fédératifs. Le temps où les « œcuméniques » étaient diabolisés par les évangéliques et les pentecôtistes semble révolu. On a le sentiment que la situation de crise mondiale, avec une interpénétration complexe des problématiques climatiques, des replis nationalistes et des poussées guerrières, encourage les Eglises chrétiennes à dépasser leurs séparations historiques. L’assemblée s’achèvera ce jeudi à midi. Nul ne saura avant longtemps ce que cette étape du pèlerinage des Eglises pour la justice et la paix aura apporté de décisif. Il restera des textes que les Eglises membres pourront s’approprier, et il restera surtout ces innombrables rencontres qui tissent un réseau de fraternité à travers le monde. Christian ALBECKER
PARTAGER UN SOUFFLE
PARTAGER UN SOUFFLE
Retour à la maison avec plein d’impressions : Quelques impressions partagées par Claire Sixt-Gateuille Ça y est, c’est fini… mais si je suis physiquement rentrée à Paris, ma tête et mon cœur trainent encore un peu du côté de Karlsruhe. Hier, je me suis levée en chantant « Kamana’o i’o », un chant Hawaïen (vous pouvez l’entendre pendant la célébration de clôture, à 56mn), et j’ai passé la journée avec « Together in Christ we move », un chant des îles Tonga (vous pouvez l’entendre pendant la célébration d’ouverture, à 1h15). Comme à chaque fois (c’est ma troisième assemblée du COE…), je suis marquée par la beauté des célébrations et en particulier celle des chants, vraies métaphores de la recherche d’harmonie dans l’œcuménisme, pour que chacun puisse porter sa voix propre tout en participant ensemble, dans l’écoute mutuelle, à l’annonce du Christ dans le monde. L’autre chose qui me frappe chaque fois, c’est la bienveillance mutuelle. Comme le disait justement Christophe Douglas-Huriwai, prêtre anglican maohi de Nouvelle-Zélande qui témoignait lors de la cérémonie de clôture, l’assemblée du COE, c’est d’abord une sorte de « rituel de reconnaissance » géant, qui correspond au « Tena koé », un rituel traditionnel où deux personnes, front contre front, respirent à plein poumons le même air, partagent un même souffle pour se reconnaître mutuellement, reconnaitre la part de divin en l’autre. Nous nous sommes reconnus mutuellement pendant huit jours. Bien sûr, il y a des différences culturelles qu’on a parfois du mal à comprendre, voire à accepter (sur la place des femmes, par exemple), et les accusations de néo-colonialisme qui sont revenues régulièrement, souvent comme slogans, sans que les causes et les conséquences soient analysées, sans que des moyens de vraiment changer les choses soient identifiables puisque les accusations sont trop vagues (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de néo-colonialisme, mais trop de phénomènes différents sont mis dans le même sac pour qu’on puisse trouver des leviers d’action pertinents). Malgré des préjugés qui persistent parfois et la fatigue qui se faisait sentir, cette bienveillance, cette volonté d’accueillir l’autre tel qu’il est et tel que l’on est, et de cheminer ensemble était évidente. L’écoute mutuelle a été d’une qualité exceptionnelle dans notre petit groupe. Par ailleurs, l’urgence des crises climatiques et des conflits (qui risquent dégénérer et ont déjà des répercussions mondiales) a peut-être aidé à lisser les différents et à travailler à se retrouver sur l’essentiel. La volonté de tenir ensemble a été réaffirmée tout au long de l’assemblée. Nous savons désormais que nous avons besoin les uns des autres. Claire Sixt Gateuille
ASSEMBLÉE DU COE : IN ET OFF
ASSEMBLÉE DU COE : IN ET OFF
Le « Suiss Hub » propose un programme « off » : réflexion et discussion au bord de l’assemblée sur le discernement moral dans l’Eglise L’Assemblée du Conseil œcuménique des Églises, c’est d’abord une assemblée générale : il faut y discuter de la politique générale de l’institution : Des délégués qui votent (par consensus ou à la majorité simple ou des deux tiers suivant les décision), des textes à élaborer et à adopter, des plénières décisionnelles, des orientations financières, de programmatiques, générales, un conseil d’administration à élire (le « comité central » de 150 personnes qui se réunit désormais tous les deux ans, et surtout son « comité exécutif » de 25 membres, qui se réunit plus souvent), etc. S’il n’y avait que ça, il n’y aurait pas plus de mille personnes aux assemblées, délégués, conseillers de délégation, observateurs, jeunes volontaires et personnel du COE compris. Mais l’assemblée du COE, c’est aussi une occasion de « toucher du doigt l’universel », d’expérimenter la diversité de l’Eglise une. Aussi y a-t-il de nombreux participants et visiteurs, qui n’ont pas de rôle à jouée dans l’assemblée mais sont là pour les temps de célébration et les plénières thématiques du matin, et qui ont programme spécifique le reste du temps. Leur est proposé une sorte de « programme off » avec des études bibliques, des ateliers (workshops) sur différents sujets, mais aussi des stands de diverses institutions chrétiennes et un espace où sont proposées de petites animations, le « Networking zone ». C’est là que Le COE organise divers évènements : lancements de publications, conférences-éclair sur un sujet donné, etc. C’est là aussi que se trouve de « Swiss Hub ». En juin, les amis suisses nous ont demandé des idées d’animation pour ce « Swiss Hub ». C »est ainsi qu’Emmanuelle Seyboldt a dialogué la semaine dernière avec Annette Kurschus, présidente de l’Eglise protestante en Allemagne (en fait, de la conférence réunissant les différentes Eglises régionales) et Ritas Famos, présidente de l’Eglise évangélique réformée Suisse (voir le billet de vendredi). Hier, mardi 6 septembre, c’était mon tour de discuter avec Michel Charbonnier de l’Église vaudoise d’Italie et Emmanuel Jeger, pasteur dans le canton de Vaud en Suisse, autour de la présence des Églises dans la cité, et de quel témoignage public les Églises minoritaires peuvent avoir dans leur contexte propre. J’ai présenté deux types très différents de présence sociale des Églises/protestants : une présence importante et compétente pour une population très ciblée, comme à la Fondation John Bost pour les personnes handicapée ; ou une présence locale qui témoigne dans les relations de personne à personne de la Grâce de Dieu, comme le jardin partagé au nord de Marseille ou les projets de revitalisation d’Églises locales, comme à Lourmarin ou Créteil. Nous avons noté à quel point, dans une société fragmentée et hantée par la (peur de la) solitude, les projets humbles mais très concrets visant à recréer localement du lien social et de la fraternité pouvaient être de témoignages d’évangile. Mais aussi qu’il était encore souvent difficile de faire travailler ensemble les activités paroissiales et la diaconie, d’arriver à faire bouger l’Église pour que toute personne y soit vue comme une sœur ou un frère en Christ, sans trier entre ceux « qui correspondent au profil » et les autres. Et cet après-midi, j’ai fait dialoguer les professeurs de théologie Julija Naett Vidovic, professeure à l’Institut de théologie orthodoxe de Saint Serge (par ailleurs une copine depuis que nous étions ensemble au comité central de la conférence des Églises européennes entre 2009 et 2013) et Marc Boss, de l’Institut protestant de Théologie, autour du discernement moral. En effet, les questions éthiques deviennent de plus en plus clivantes, parfois même plus que les divisions confessionnelles. Aussi la commission Foi et Constitution du COE travaille depuis deux décennies sur les questions morales. Un premier texte sorti en 2013 (texte N°215 de Foi et Constitution) n’avait pas satisfait les Orthodoxes qui le trouvaient « relativiste » ; il avait fait l’objet d’un addendum qui en restreignait la portée, le présentant seulement comme une première étape de travail dont certains aspects soulevaient des réticences chez les orthodoxes et les catholiques. Le processus s’était poursuivi par une étude des processus de discernement dans les différentes confessions chrétiennes (texte N°228 de Foi et Constitution), permettant, de façon un peu stéréo-typique, de commencer à comprendre la démarche de l’autre, les éléments qui rentrent en compte dans la façon d’élaborer la « morale » prêchée ou les modèles de comportement présentés comme idéaux. Puis le sous-groupe de Foi et Constitution s’était penché sur des exemples historiques pour voir comment la norme morale pouvait évoluer, même au sein des confessions qui s’appuyaient le plus sur la tradition ecclésiale (texte N°229 de Foi et Constitution). Enfin, en 2021, le texte « Eglises et discernement moral : faciliter le dialogue pour construire la koinonia », (texte N°335 de « Foi et Constitution », paru en français dans la revue Istina) présente une « méthodologie » du discernement moral, traçant des grandes lignes et des points communs entre les confessions chrétiennes. En effet, même si les résultats en termes d’éthique « appliquée » sont souvent très différents entre les Églises chrétiennes dans le monde, toutes s’appuient sur les mêmes éléments dans leur démarche : une analyse du contexte, un travail sur les intentions et les conséquences d’une norme morale, et ce que le texte appelle la « Conscience de l’Église », qui mêle la référence à la Bible et à la tradition (ou à des « grands principes », ou à une « clé herméneutique »), le rapport à l’autorité et à la norme, le rôle de l’Église dans l’espace public et sa disposition au changement, ainsi que les structures ecclésiales – qui influencent forcément sur les décisions – et le souci pastoral des personnes. Sans le dire explicitement, ce texte reconnait une pluralité de voies possibles pour élaborer une position éthique inspirée par l’évangile. Il part du principe que toute Église est sincère dans sa démarche de chercher à discerner ce que pourrait être un comportement fidèle à l’Evangile. Claire Sixt-Gateuille
« RECHERCHE LA PAIX ET POURSUIS-LA »
« RECHERCHE LA PAIX ET POURSUIS-LA »
C’est une exhortation qui se trouve dans le psaume Ps 34.15! Une conversation œcuménique portait sur la question comment construire la paix. Comment peut-on construire la Paix ? Et quel est le rôle de l’Eglise ? Pendant cinq rencontres lors de cette assemblée nous avons entendu comment les Eglises de contextes nationaux clés ont répondu à cet appel – les défis auxquels ces Eglises ont été confrontés, les moyens que le mouvement œcuménique a mis en ouvre pour soutenir et accompagner les Eglises et les communautés concernées, ainsi que l’impact de ces efforts. Nous avons entendu le récit entre autres du Sud-Soudan, la Colombie, la Corée. A la fin, notre groupe composé de la pluralité de frères et sœurs de notre assemblée œcuménique a écrit des affirmations et défis pour la construction de la paix qui seront donnés au nouveau Comité central du COE (l’instance qui gère les affaires du COE jusqu’à prochaine assemblée en 2023, composé de 150 membres issus de toutes les églises de nos différents continents). Nous commençons nos recommandation d’abord avec l’affirmation que le COE avait déjà lors de sa première assemblée à Amsterdam en 1948 proclamé : « La guerre est contre la volonté de Dieu. » Porté par la conviction que la paix ne se construit pas seulement après un conflit autour de la table, nous avons cherché comment se construit la paix à longue terme, par des rencontres, l’éducation à la paix et le travail en réseaux d’églises et par le dialogue interreligieux. Le groupe de conversation œcuménique interpelle le futur Comité central à initier régulièrement des temps de réflexions sur la construction de paix, aussi dans des églises locales. Les participants suggèrent un programme d’échange des jeunes qui a construit autrefois (et encore) la réconciliation entre la France et l’Allemagne après les trois guerres entre eux. Enfin, il est important que les femmes et jeunes soient impliqué sur tous les niveaux comme partenaires égaux. Les femmes ne doivent pas seulement « servir à la table », mais avoir une place à la table pour ces réflexions ; aussi, parce qu’elles apportent en tant que femmes et mère un autre regard. Poursuivre la paix, c’est d’abord la responsabilité de chacun et de chacune ; que le Conseil œcuménique des Eglises soit inspiré et béni pour lancer des bons idées et de projets. Ulrich Rusen-Weinhold