Encourager la confiance
Ces suggestions ont quelque chose de technique que l’on voudra bien excuser. Mais leur esprit est simple : il consiste à élargir l’horizon de chaque Église, en évitant la norme pour encourager l’autorité, en restreignant le juridique pour promouvoir le relationnel. Autrement dit, à encourager la confiance.
Au XVIè siècle, la Réforme a été une sorte d’irruption de confiance, dans un monde perclus de peurs et d’angoisses. Chaque fois que les Églises protestantes retrouvent cette veine, elles honorent leur vocation. Or nos sociétés et nous-mêmes manquons aujourd’hui cruellement de confiance. Ce manque et cette faim de confiance sont un défi pour toutes les Églises et une responsabilité toute particulière pour les Églises protestantes.
Selon Jean Baubérot, le protestantisme a eu au fil des siècles de grands desseins, qui ont signé son impact social. Le XVIè siècle a été celui des ruptures désacralisantes, le XVIIè celui les bases de la modernité politique, le XVIIIe celui de l’éducation, le XIXè celui de l’horizon mondial grâce aux missions, le XXe celui de l’œcuménisme.
Parce que la confiance est humiliée, que les chrétiens protestants sont héritiers d’une redécouverte de cette confiance essentielle et que c’est une des marques de leur message spécifique au sein du concert des Églises, ils ont une responsabilité toute particulière dans ce domaine. Peut-être la contagion de la confiance devrait-elle être le grand dessein du protestantisme, notamment européen, au XXIè siècle.
Laurent Schlumberger, article écrit dans: Ressources N°8 (2018) p. 55-57