Géorgie: un pays carrefour

Invité par Rolf Bareis, évêque de l’Eglise luthérienne de Géorgie et du Sud Caucase (ELKG) - par Marc Frédéric Muller

 

La Géorgie compte 3, 7 millions d’habitants. Elle est au carrefour des civilisations perse, grecque, ottomane et slave ; sa culture est façonnée par leurs influences mais la langue géorgienne est très singulière. C’est aussi un territoire dont les grandes puissances se disputent le contrôle depuis des siècles.

 

On dit que l’esprit géorgien est ainsi marqué par la prudence et pour se définir eux-mêmes, une histoire se raconte : Un génie vient voir un Géorgien et lui dit pouvoir faire n’importe quelle chose qu’il lui demandera mais il le prévient qu’il fera le double pour son voisin. Alors, après avoir bien réfléchi, le Géorgien lui dit : arrache-moi un œil…

 

Le pays a été annexé par la Russie au début du XIXe siècle (Staline était géorgien). En 1924, lors de la révolution bolchévique, quelques centaines de Géorgiens sont venus au Pays de Montbéliard (à la suite de l’échec de l’insurrection contre l’Armée rouge) avec le statut de réfugiés politiques. Ils ont intégré le Centre de formation de l’entreprise Peugeot et ont travaillé à l’usine de Sochaux. Après l’éclatement de l’Union soviétique, il retrouve son indépendance en 1991.

 

Deux territoires (20 % de la superficie totale) sont cependant sous domination russe : l’Abkhazie (guerre en 1992-93) et l’Ossétie du Sud (guerre en 2008). La pression russe est particulièrement forte alors que la population s’est prononcée massivement pour l’adhésion à l’Union européenne à la suite de la guerre en Ukraine.

 

La présidente actuelle du pays est née française, à Paris, d’une famille géorgienne émigrée à la suite de la Révolution bolchévique ; elle a fait une grande partie de sa carrière comme diplomate. Salomé Zourabichvili est assez controversée, proche au départ du gouvernement, elle a depuis exprimé son opposition à un « projet de Loi sur l’influence étrangère » (d’inspiration russe) jugé liberticide par beaucoup et elle s’est révélée une promotrice fervente du rapprochement avec l’Europe.

Avec l’Arménie, la Géorgie est la plus ancienne nation ayant instauré le christianisme comme religion d’Etat. La tradition orthodoxe est constitutive de l’identité géorgienne encore aujourd’hui. L’Eglise luthérienne y est née à la suite d’implantations de quelques 50 000 piétistes wurtembergeois en 1817-1818. Staline a déporté la plupart des membres de cette communauté au Kazakhstan et en Sibérie.
Le synode luthérien regroupe une dizaine de communautés, dont une en Azerbaïdjan et une en Arménie. Trois langues sont utilisées dans les rencontres : le russe (principale langue commune), l’allemand et le géorgien. L’Eglise est vieillissante en certains endroits mais il y a des jeunes notamment dans la capitale ou à Rustawi. Elle doit relever le défi du renouvellement de sa base.

 

 

 

 

L’action diaconale est très organisée dans ce pays où de larges secteurs vivent dans la précarité : une maison héberge des anciens, le soutien à domicile bénéficie à des centaines de personnes, deux salariées apportent un conseil juridique aux candidats à l’émigration légale vers l’Allemagne.

 

L’Eglise orthodoxe ne s’est pas vraiment intéressée à la diffusion de la Bible ni à la formation biblique. Avec la Société biblique, et en partenariat avec des protestants baptistes, l’Eglise s’est engagée dans la promotion de textes d’introduction à la Bible, en langue géorgienne.