Il est reconnu que les différences doctrinales du XVIe siècle portant sur la Sainte Cène, entre luthéranisme et calvinisme ont perdu de leur actualité et ne justifient plus la séparation de ces Églises.
La Concorde de Leuenberg a rendu possible la création en 2013 de l’Église protestante unie de France.
L’Église se constitue par « l’assemblée des croyants, au cours de laquelle l’Évangile est prêché fidèlement et les sacrements sont administrés conformément à l’Évangile » c’est ainsi que le dit la Confession d’Augsbourg (art. 7). Or les croyants de la tradition luthérienne et réformée ne pouvaient ni partager la Cène ni vivre dans une communion ecclésiale il y a encore cinquante ans. C’est la Concorde de Leuenberg, signée le 16 mars 1973, qui met fin à cette histoire conflictuelle.
Depuis leurs origines les Églises ont été amenées à actualiser de façon nouvelle le témoignage biblique. « Aujourd’hui » — ainsi disent les signataires de la Concorde de Leuenberg — les condamnations qui ont été prononcées lors de l’époque de la Réforme ne concernent plus l’enseignement actuel du partenaire. Pour la Cène par exemple, il n’est plus important de discuter si le pain « est » ou « signifie » le corps du Christ mais d’affirmer ensemble en tant qu’Églises « la présence du Seigneur ressuscité parmi nous » (art. 16). La communion ecclésiale ne doit pas signifier uniformité, mais les « traditions confessionnelles différentes » (art. 29) ont toute leur place ; nous pouvons peut-être parler de la « communion réconciliée » (même si cette expression exacte ne se trouve pas dans la Concorde).
Il s’agit de la Concorde de Leuenberg d’un très court texte de seulement 49 articles qui affirme les fondements et les objectifs de la communion ecclésiale. En accord de la compréhension de l’Évangile prêché et les sacrements conformément administrés (art.6-28), les Églises signataires luthériennes et réformées ainsi que les Églises vaudoises et des Frères moraves peuvent déclarer la communion ecclésiale (art.39-49, reprenant la Confession d’Augsbourg) !
Cette communion ecclésiale ne peut rester sans conséquences, elle demande « s’efforcer de parvenir à la plus grande unité possible dans le témoignage et le service envers le monde » (l’art. 29). Les discussions théologiques et éthiques se sont poursuivies ; les Églises signataires se sont donné pour cette raison une structure très légère au départ. Cette mini-structure a provoqué même des sourires. Mais les années ont poussé les Églises vers une communion de plus en plus concrète et elles ont créé en novembre 2003 la « Communion d’Églises Protestantes en Europe » (la CEPE) avec une structure juridique.
C’est aussi cette Concorde qui a permis de dépasser les différences entre l’Église Réformée et l’Église luthérienne en France afin de célébrer le premier synode de l’Église Protestante Unie de France en 2013, il y a dix ans.
Nous vous proposerons de revenir à des différents moments de cette année 2023 à ce document important pour les Églises protestantes !
Pour en savoir plus
- lire le livre d’André Birmelé sortie le 12 janvier 2023 : La Concorde de Leuenberg 1973-2023 co-édition du Cerf et Olivétan.
- Lire la Concorde de Leuenberg : https://www.leuenberg.eu/documents/
- Consulter les actes du colloque des 15 et 16 septembre 2023 à Montpellier que la Cepple a organisé