Ça y est, c’est fini… mais si je suis physiquement rentrée à Paris, ma tête et mon cœur trainent encore un peu du côté de Karlsruhe. Hier, je me suis levée en chantant « Kamana’o i’o », un chant Hawaïen (vous pouvez l’entendre pendant la célébration de clôture, à 56mn), et j’ai passé la journée avec « Together in Christ we move », un chant des îles Tonga (vous pouvez l’entendre pendant la célébration d’ouverture, à 1h15).
Comme à chaque fois (c’est ma troisième assemblée du COE…), je suis marquée par la beauté des célébrations et en particulier celle des chants, vraies métaphores de la recherche d’harmonie dans l’œcuménisme, pour que chacun puisse porter sa voix propre tout en participant ensemble, dans l’écoute mutuelle, à l’annonce du Christ dans le monde.
L’autre chose qui me frappe chaque fois, c’est la bienveillance mutuelle. Comme le disait justement Christophe Douglas-Huriwai, prêtre anglican maohi de Nouvelle-Zélande qui témoignait lors de la cérémonie de clôture, l’assemblée du COE, c’est d’abord une sorte de « rituel de reconnaissance » géant, qui correspond au « Tena koé », un rituel traditionnel où deux personnes, front contre front, respirent à plein poumons le même air, partagent un même souffle pour se reconnaître mutuellement, reconnaitre la part de divin en l’autre. Nous nous sommes reconnus mutuellement pendant huit jours.
Bien sûr, il y a des différences culturelles qu’on a parfois du mal à comprendre, voire à accepter (sur la place des femmes, par exemple), et les accusations de néo-colonialisme qui sont revenues régulièrement, souvent comme slogans, sans que les causes et les conséquences soient analysées, sans que des moyens de vraiment changer les choses soient identifiables puisque les accusations sont trop vagues (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de néo-colonialisme, mais trop de phénomènes différents sont mis dans le même sac pour qu’on puisse trouver des leviers d’action pertinents). Malgré des préjugés qui persistent parfois et la fatigue qui se faisait sentir, cette bienveillance, cette volonté d’accueillir l’autre tel qu’il est et tel que l’on est, et de cheminer ensemble était évidente. L’écoute mutuelle a été d’une qualité exceptionnelle dans notre petit groupe. Par ailleurs, l’urgence des crises climatiques et des conflits (qui risquent dégénérer et ont déjà des répercussions mondiales) a peut-être aidé à lisser les différents et à travailler à se retrouver sur l’essentiel. La volonté de tenir ensemble a été réaffirmée tout au long de l’assemblée. Nous savons désormais que nous avons besoin les uns des autres.
Claire Sixt Gateuille